Les autorités canadiennes et les autochtones



L’Acte de l’Amérique du Nord britannique (appelé officiellement aujourd'hui Loi constitutionnelle de 1867) fut adopté par le Parlement britannique en mars 1867 et proclamé au Canada le 1er juillet. C’était la première fois qu’une colonie parvenait à s’autogouverner sans quitter l’Empire britannique, car le Canada demeurait une colonie britannique; il le restera jusqu'en 1931 lors de la proclamation du Statut de Westminster (Londres). Le «Dominion du Canada» (ou Confédération canadienne) résultait de l’union, en une fédération, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, du Québec (Bas-Canada) et de l’Ontario (Haut-Canada).
Selon la Constitution du Canada de 1867, le gouvernement fédéral devenait entièrement responsable du sort des autochtones. Sous le régime britannique, les autochtones avaient dû apprendre à vivre dans des «réserves», faire instruire leurs enfants à l'école des Blancs et élire des conseils de bande. En compensation, le gouvernement colonial devait subvenir à leurs besoins, ce qui les confinait dans un rôle de dépendance.
En 1867, les autochtones et les terres qui leur étaient réservées tombèrent sous la responsabilité du gouvernement fédéral du Canada. Comme lors des changements politiques précédents, les autochtones ne furent pas consultés, Comme il se doit, le gouvernement canadien hérita des traditions paternalistes amorcées par l'Administration britannique. La première loi fédérale relative aux «Indiens» fut adoptée en 1876: ce fut la première Loi sur les Indiens. Elle était encore tributaire des politiques axées sur la protection, l'assimilation et la christianisation. Le but était d'amener les collectivités indiennes et, à la longue, l'ensemble des peuples autochtones à sortir de leur état «primitif» et démuni et à accéder à la «civilisation» et à l'autonomie, contribuant du même coup à faire du Canada une communauté homogène, c'est-à-dire non autochtone et chrétienne. La Loi sur les Indiens de 1876 instaurait un cadre législatif qui supposait un mode de vie façonné par les Blancs. Cette loi régira tous les aspects de la vie sur les réserves jusqu'en 1951, soit pendant 75 ans. Dans sa formulation, cette loi est demeurée à peu près inchangée jusqu'à nos jours, et ce, malgré les nombreuses modifications dont elle fit l'objet. La plupart des données qui suivent proviennent du Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones (Report of the Royal Commission on Aboriginal Peoples) publié en octobre 1996 par le ministère fédéral des Affaires indiennes et du Nord.
Des «pupilles de l'État»
En 1869, la Loi pourvoyant à l'émancipation graduelle des Indiens (titre réel: Loi pourvoyant à l'émancipation graduelle des Indiens, à la meilleure administration des affaires des Indiens et à l'extension des dispositions de la loi 31, Victoria, chapitre 42, S.C. 1869, c. 6.), ce qui s'intitulait en anglais: An Act for the gradual enfranchisement of Indians, the better management of Indian affairs, and to extend the provisions of the Act 31st, Victoria, Chapter 42, S.C. 1869, c. 6. Cette loi imposa des administrations de type municipal dans les réserves afin d'apprendre aux autochtones le fonctionnement de l'ensemble de la société et de faciliter leur assimilation à l'intérieur de celle-ci.
La politique relative aux «Indiens» (comme on les appelait) reposait sur des principes nationaux qui admettaient comme principe que les autochtones étaient nettement inférieurs au reste de la société. D'ailleurs, le rapport annuel du département de l'Intérieur pour l'année 1876 exprimait en ces termes l'idéologie qui faisait des Indiens des «pupilles de l'État»:
Notre législation au sujet des Sauvages, repose sur le principe que les naturels du pays doivent être tenus en état de tutelle, et qu'ils doivent être traités comme des pupilles et des enfants de l'État. [...] Les intérêts bien entendus des naturels du pays comme ceux de l'État, exigent que l'on fasse tous les efforts possibles pour aider aux Peaux-Rouges à sortir eux-mêmes de leur état de tutelle et de dépendance, et il est évidemment de bonne politique et de notre devoir de les préparer par l'éducation et par tout autre moyen, à un degré de civilisation plus élevé en les encourageant à se prévaloir de tous les droits de citoyens, et à en assumer les obligations.
La politique sur les autochtones semblait claire et le ministre de l'Intérieur de l'époque, David Laird, exprimait ainsi sa pensée paternaliste lors du dépôt du projet de loi au Parlement: «Il faut traiter les Indiens comme des mineurs ou comme des Blancs.» Dans la Loi sur les Indiens, comme dans les lois précédentes en cette matière, un «Indien» devait être quelqu'un de «sang indien» ou, dans le cas des mariages mixtes, une non-Indienne mariée à un Indien. Les Indiennes qui épousaient des non-Indiens n'étaient pas reconnues comme des «Indiennes», au sens de la loi.
En 1884, le Parlement adoptait la Loi sur l'avancement des Indiens (Indian Advancement Act), qui conférait des pouvoirs municipaux aux «bandes avancées». Le Canada continua de signer des traités un peu partout dans le pays. Généralement, ces traités prescrivaient le versement de petites rentes annuelles fixes par habitant ainsi que l'attribution de «terres de réserve» (généralement un mille carré par famille de cinq personnes).
Les difficultés de la politique paternaliste
Cette politique d'un autre âge ne pouvait pas durer indéfiniment. Comme dans la plupart des pays abritant des populations indigènes, le Canada connut aussi ses difficultés avec les autochtones. Les décennies qui suivirent la naissance du Canada de 1867 parurent pénibles pour certaines nations des Plaines, notamment les Cris, les Ojibwés, les Saulteux, les Assiniboines et les Pieds-Noirs. Au XIXe siècle, la question des terres autochtones entraîna à deux reprises des affrontements entre les autorités canadiennes et les Métis.
Ainsi, la création de la province du Manitoba en 1870 fut en quelque sorte le résultat de disputes dans la région de la Rivière-Rouge, entre Blancs et Métis. La Loi de 1870 sur le Manitoba répondait à un grand nombre des demandes des Métis, dont l'assemblée législative bilingue (avec les langues anglaise et française) et la réserve de quelque 1,4 million d'acres de terres «au bénéfice des familles des Métis résidents». Mais le Manitoba de l'époque était très petit  — environ un peu plus de160 km² contre 649 950 km² aujourd'hui — et parut nettement insuffisant pour des communautés qui tiraient leur subsistance de la chasse et du piégeage.
Entre 1873 et 1899, l'ouest du Canada reçut plus d'un million de nouveaux immigrants anglophones, ce qui provoqua la colère des «Indiens des Plaines». Peu après la création du Manitoba, de nombreux Métis quittèrent la province pour aller vivre plus à l'Ouest, sur les berges de la rivière Saskatchewan. Les terres qu'ils cultivèrent faisaient partie des Territoires du Nord-Ouest, donc demeurait de juridiction fédérale. Soulignons qu'à l'époque le terme de Métis était réservé aux personnes de descendance française et catholique et que les personnes dont le père était britannique (ou écossais) et protestant étaient appelées Country-born (par opposition aux Foreign born); on réservait aussi l'expression Sang Mêlé (Mixed Blood) ou Bois-Brulé (Burn Wood) pour désigner les enfants d'hommes européens et de femmes autochtones. Pendant longtemps, on a qualifié les Métis de breeds («race»), de half-breeds («demi-race»), de settlers (colons) et de bien d'autres noms chargés d'opprobre tels que Black Scots («Écossais noirs»), Métis anglaise («Métis anglais»), The Flower Beadwork People («Gens au motif floral perlé»), The Buffalo People («Gens de Buffalo») et Breeds and Half-breeds («demi-races»).
En 1885, lors de la rébellion du Nord-Ouest, des Cris des Plaines, désespérés par la disparition du bison, se joignirent aux Métis, qui furent défaits à Batoche (en Saskatchewan) par les troupes envoyées par le gouvernement canadien; leur chef, Louis Riel, fut finalement jugé et pendu, mais sa mort laissa le pays profondément divisé. Au cours des décennies suivantes, les conflits entre Blancs et Amérindiens suscitèrent l'animosité des Cris et des «Indiens de l'Ouest»; aux conflits suivit une période de répression durant laquelle les différents gouvernements canadiens tentèrent de réduire les libertés des populations amérindiennes, généralement parquées dans des «réserves».
En 1889, le ministère fédéral des Affaires indiennes fut créé afin de mettre en pratique la politique fédérale relative aux Indiens. Pendant des décennies, la Loi sur les Indiens autorisa le ministre des Affaires indiennes à fournir des services de santé et à prendre des mesures pour empêcher la propagation des maladies dans les réserves indiennes. En même temps, les autorités gouvernementales, appuyées par la Police montée, redoublèrent d'efforts pour faire disparaître les pratiques culturelles des populations autochtones. Ainsi, les danses et les cérémonies rituelles amérindiennes furent non seulement interdites, mais réprimées par les forces de l'ordre. En Colombie-Britannique, des policiers intervinrent pour empêcher les Amérindiens de tenir leurs potlachs, une cérémonie à caractère sacré et communautaire. Dans les Prairies, des Amérindiens furent emprisonnés pour avoir participé à des danses traditionnelles. Certains chefs autochtones osèrent condamner ouvertement la politique répressive du gouvernement, mais rien n'y fit. L'interdit sur les cérémonies traditionnelles se maintiendra jusqu'au début de la décennie de 1950.
Les écoles autochtones
Mentionnons également la question des écoles destinées aux autochtones dans l'Ouest, surtout au Manitoba, en Alberta et en Colombie-Britannique, mais aussi ailleurs. Les autorités fédérales encouragèrent la fondation de nouveaux internats et de nouvelles «écoles industrielles». Ces écoles, toutes situées à l'extérieur des réserves, enseignaient les travaux manuels afin de donner aux autochtones une formation en agriculture ou aux métiers, et d’inculquer la religion. Le Rapport Davin (du nom de son rédacteur, Nicholas Flood Davin) recommandait que les enfants soient enlevés de chez eux, étant donné que «l'influence du wigwam est plus forte que celle qu'ils subissent pendant la journée à l'école», et qu'ils soient «maintenus constamment dans un cadre civilisé», c'est-à-dire dans des pensionnats où ils recevraient les «soins d'une mère» et une éducation qui les préparerait à la vie dans un Canada moderne. En 1920, en vertu d’une modification apportée à la Loi sur les Indiens, l’éducation devint obligatoire pour les enfants de 7 à 15 ans, et des agents de discipline furent habilités à infliger des pénalités aux parents qui refusaient de laisser leurs enfants fréquenter l’école.
Les écoles et pensionnats furent importants en Ontario, au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta, en Colombie-Britannique, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon, mais il y en eut aussi en Nouvelle-Écosse (à Shubenacadie) et jusqu'à six au Québec (Amos, Pointe-Bleue, Sept-Îles, La Turque et deux à Fort-George; l'une catholique, l'autre anglicane). L'emploi des langues autochtones dans les écoles était interdit et les élèves étaient sévèrement punis, voire battus, lorsqu'ils parlaient leur langue; les matières enseignées étaient présentées de manière à atteindre les objectifs fixés. Toutefois, beaucoup d'autochtones voulurent s'instruire afin de mieux conserver leur identité au sein de la société blanche, non la faire disparaître. Les innombrables rapports dénonçant les conditions dans lesquelles vivaient les enfants autochtones ne parvinrent pas à amener les Églises ni les gouvernements successifs à adopter des mesures pour redresser la situation.
Devant le constat d'échec de ces écoles, ce n'est en 1988 qu'on fermera le dernier internat fédéral en Alberta. Aux mesures concertées pour faire disparaître les habitudes, les langues, les traditions et les croyances autochtones, vinrent s'ajouter la mauvaise gestion et le sous-financement, une instruction de qualité inférieure, sans oublier les sévices déplorables subis par de nombreux enfants autochtones. Dans une déclaration au nom de la Direction des affaires indiennes devant le Comité permanent des ministres de l'Éducation, R. F. Davey révéla, le 25 septembre 1963, que la formation pratique qui était offerte aux élèves «laissait beaucoup à désirer, car elle consistait essentiellement en des tâches répétitives qui n'avaient pratiquement aucune valeur éducative». Il citait une étude du Ministère selon laquelle, même encore en 1950, «plus de 40 % du personnel enseignant n'avait aucune formation professionnelle». Certains instituteurs n'avaient même pas terminé leurs études secondaires.
Les changements plus prometteurs
Après la Seconde Guerre mondiale, la montée de l'anticolonialisme sensibilisa l'opinion publique canadienne à la culture et au patrimoine des peuples autochtones. Beaucoup de Canadiens blancs commencèrent à se rendre compte que l'ancien objectif d'assimilation n'avait pas été atteint et qu'il fallait accorder un rôle plus important aux autochtones dans la société canadienne. Les mentalités changèrent aussi devant le mouvement appelé «Pouvoir rouge» (Red Power). La société non autochtone a commencé à se rendre compte de l'échec de ses politiques vers la fin des années soixante.
Malgré la grande ténacité des missionnaires, il fallut constater que la majorité des enfants autochtones ne fréquentaient pas les écoles construites à leur intention. Néanmoins, au cours du dernier siècle, une dizaine de langues autochtones du Canada ont disparu et au moins une douzaine d'autres seraient maintenant sur le point de disparaître. Des quelque 800 000 personnes qui ont déclaré être «autochtones» en 1996, seulement 26 % ont signifié que leur langue maternelle était une «langue autochtone» et une proportion encore plus faible a admis parler cette langue à la maison. Cela signifie que beaucoup d'autochtones ont délaissé leur langue ancestrale. Selon des analyses démolinguistiques, on estime qu'au cours de la vie d'une génération donnée il y aurait une «perte partielle» de la langue maternelle d'un bon quart.  Jusqu'en 1969, l'objectif d'assimilation a continué de dominer la politique fédérale, bien que le gouvernement fédéral ait pris soin d'utiliser des termes comme «égalité» et «citoyenneté» au lieu du langage brutal d'autrefois.
Un caractère distinct
En 1960, le gouvernement fédéral accorda aux Amérindiens le droit de voter aux élections fédérales sans perdre leur statut. Les provinces finirent par faire de même, jusqu'à ce que le Québec accorde des droits similaires en 1968. Puis la plupart des communautés autochtones réussirent graduellement à administrer elles-mêmes leur propre système d'enseignement dans les «réserves». Aujourd'hui, elles gèrent généralement la plus grande partie de leurs programmes de santé et de bien-être social; elles disposent parfois de leur propre police. La Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec, adoptée en 1984 à la fois par le Parlement fédéral et le parlement de Québec, marqua un pas en avant vers l'autonomie gouvernementale des autochtones. Par ailleurs, la Loi constitutionnelle de 1982 a reconnu les «droits existants — ancestraux ou issus des traités» de tous les autochtones du Canada, les Premières Nations, les Métis et les Inuits. L'adoption de la Charte des droits et libertés de 1982 a fait en sorte que le gouvernement canadien a abandonné sa politique d'assimilation et reconnu aux autochtones leur caractère distinct. Le résultat le plus manifeste fut, le 1er avril 1999, la création du territoire du Nunavut, situé dans l'est de l'Arctique et comprenant un cinquième de la superficie du Canada. La création du Nunavut constitua un moment historique pour le Canada, et l'événement fit aussitôt le tour du monde en raison de son caractère exceptionnel. En effet, l'instauration d'un gouvernement reflétant les traditions culturelles et les aspirations socio-économiques du peuple inuit a suscité l'intérêt de toute la communauté internationale.
Les langues autochtones
Aujourd'hui, le Canada compte au moins 65 ethnies autochtones et probablement plus de langues. Cependant, les autochtones ne parlent pas tous leurs langues ancestrales, même s'ils sont apparentés à une ethnie particulière. Ainsi, en 1996, 67,8 % des autochtones parlaient l'anglais comme langue maternelle et 5,8 %, le français (soit 45 955 autochtones «francophones»). Le Canada ne compte que 15 165 personnes de langue maternelle autochtone, qui ne connaissent ni l'anglais ni le français, soit 8,1 % de tous les locuteurs de langue maternelle autochtone, mais 187 670 locuteurs parlent à la fois une langue autochtone et l'une des langues officielles, généralement l'anglais.
Langues autochtones au Canada
Algonkiennes
abénaki
atikemek
cri
malécite
montagnais
munsee naskapi
ojibwé
pied-noir (blakfoot)


Sioux
cayuga
mohawk
onondaga
tuscarora


Eskimo-aléoutes
inuktun
inutktitut
inuinnaqtun
itivimiut
tarramiut
Iroquiennes
cayuga
mohawk
onondaga
tuscarora


Pénutiennes
gitxsan
nisga'a
tsimshian


Salishennes
bella coola
comox
halkomelem
lillooet
okanagan
pentlatch
salish
sechelt
shuswap
squamish
thompson
Na-déné
babine
beaver
carrier
chicoltin
chipewyan
dogrib
haïda
kaska
sarsi
sekani
slavey
tahltan
tlingit
yellowknife


Wakashanes
haisla
heiltsuk
kwakiutl
nootka

La plupart des langues amérindiennes appartiennent à quatre familles linguistiques: la famille eskimo-aléoute au nord, la famille iroquoienne au centre-est du Canada, la famille algonkienne de l’est des Grands Lacs aux Maritimes et lafamille na-déné au nord et à l’ouest du pays.
En 1990 et 1991, l'Assemblée des Premières Nations (APN) a effectué une enquête sur l'état des langues des Premières Nations dans les réserves du Canada. Les résultats ont été publiés dans les rapports intitulés Towards Linguistic Justice for First Nations (1990) et Towards Rebirth of First Nations Languages (1992). Cette enquête est accablante pour les langues autochtones: elle révèle et confirme que, sur environ 53 langues au Canada, 50 d'entre elles étaient alors en voie d'extinction. Le rapport souligne que seul le tiers des 151 collectivités qui ont fait l'objet de l'enquête (sur environ 630 au total) peuvent être classées parmi celles possédant une langue dont la vitalité est réelle (c'est-à-dire que plus de 80 % de tous les groupes d'âge parlent couramment leur langue maternelle) ou stable (c'est-à-dire que plus de 60 % des groupes d'âge la parlent couramment). Dans plus du quart des collectivités, la langue était déclinante, c'est-à-dire qu'on note une diminution du nombre de locuteurs de chaque groupe d'âge. Malheureusement, on estime qu'au moins 80 % des langues autochtones du Canada sont en voie d'extinction. Plusieurs des langues parlées par les peuples autochtones ne comptent que quelques dizaines de locuteurs, parfois encore moins (p. ex., le chinook, le comox, le kutenai, etc.). Si la perte de la langue maternelle autochtone ne fait pas nécessairement disparaître la culture ancestrale, elle constitue néanmoins un bon pas dans cette direction.  Bref, seuls le cri, l'inuktitut et l'ojibwé sont parlés par une population suffisamment importante pour être considérés comme véritablement à l'abri d'une menace d'extinction à long terme. Ces trois langues réunissent plus de 90 % de la population de langue maternelle autochtone, ce qui laisse peu de possibilité pour les dizaines d'autres langues. On peut trouver des informations supplémentaires sur la question démolinguistique des autochtones en cliquant ICI, s.v.p.
Conclusion
Évidemment, ici et là, des conflits surgissent encore sporadiquement. C'est que quatre siècles de difficultés doivent être aplanies entre les autochtones et les populations blanches du Canada. Tous les problèmes des autochtones (par exemple la santé, la criminalité, l'alcool, l'éducation, l'autonomie, etc.) sont loin d'être réglés pour autant, mais les espoirs se matérialisent de plus en plus. En 1995, le gouvernement fédéral a rempli une promesse électorale en annonçant une politique qui reconnaissait que le droit inhérent à «l’autonomie gouvernementale» autochtone (en anglais: self government) existe en vertu de l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 et qui définissait une approche pour négocier les ententes d’autonomie. Cependant, les groupes autochtones et les gouvernements divergent toujours d’opinion sur la portée et la nature des pouvoirs visés. Le nouveau projet de loi sur la gouvernance des peuples autochtones vise notamment à instituer une procédure d'élections, d'administration et de comptabilité pour chacun des conseils de bande. Il doit remplacer le projet C-7 déposé par le gouvernement en juin 2002 (Loi sur la gouvernance des Premières Nations), qui s'était attiré les foudres des chefs autochtones.

Quoi qu'il advienne, on peut s'attendre à ce que désormais les autochtones du Canada, c'est-à-dire les Premières Nations, les Inuits et les Métis, soient appelés à jouer un rôle beaucoup plus important dans la conduite des affaires du pays. En plus de régler les revendications territoriales qui traînaient en longueur, il reste à finaliser la question de l'«autonomie gouvernementale» et s'assurer que puissent survivre certaines langues autochtones encore parlées aujourd'hui par suffisamment de locuteurs.