Archéologie du Québec

Un regard sur le monde à travers les yeux d'un autochtone

L’Amérique a été le dernier continent peuplé par l’humain. Et le Québec est l’un des endroits les plus récemment peuplés d’Amérique, soit quelque part entre il y a 12 500 et 50 000 ans.

C’est ce que raconte entre autres le premier livre d’une série de cinq sur l’archéol
ogie au Québec, dont le premier tome est lancé ce jeudi au Musée Pointe-à-Callière de Montréal. Cinq livres, donc, dont chacun aborde l’archéologie sous un biais différent, les premiers prenant l’angle des quatre éléments, l’air, l’eau, la terre et le feu, et le dernier portant sur les collections archéologiques du Québec.

Vue des airs

Le premier tome, Air. Territoire et peuplement, de la collection « Archéologie du Québec », tout frais sorti des presses, embrasse donc l’histoire de l’archéologie du Québec vue des airs. On y piste par exemple les traces des 12 000 pointes à cannelures retrouvées en Amérique au fil des années, témoignant d’une présence humaine datant d’autour de 15 000 ans. Tout récemment, de nouvelles découvertes de pointes à cannelures, trouvées au lac aux Araignées, dans la région du lac Mégantic, ont fait reculer dans le temps notre connaissance du Québec de près de 2000 ans, raconte Louise Pothier, du Musée Pointe-à-Callière, qui a dirigé l’ensemble du projet.

Ces pointes témoignent de la présence d’humains depuis très longtemps à l’intérieur des terres québécoises, alors que jusque-là, on n’avait trouvé de telles pointes qu’à Rimouski ou en Gaspésie.

Ces pointes étaient taillées pour chasser des animaux de grande dimension, comme les mammouths laineux, que l’on trouvait alors encore au Québec, ou encore d’autres spécimens de cette « méga faune » disparue depuis, dont les castors géants. On peut, encore aujourd’hui, voir certains animaux qui peuplaient l’Amérique à cette époque, le caribou ou le boeuf musqué sont des exemples. Mais on sait moins que durant la préhistoire, on trouvait des chameaux ou des chevaux miniatures indigènes en Amérique…

L’angle de l’eau

Les tomes subséquents de la série aborderont l’archéologie sous l’angle de l’eau, prise tant comme moyen de transport que comme condition de survie, du feu comme centre du foyer mais qui permet de dater des éléments très anciens grâce au carbone 14, et de la terre, à la fois mère de l’agriculture et porteuse d’outils. On sait, par exemple, que le quartzite de Mistassini, une pierre très dure et cassante, qui servait à faire des outils cassants et tranchants, s’est dispersé, via le commerce, à plus de 1000 kilomètres à la ronde.

L’ouvrage situe les débuts de l’archéologie au Québec au XIXe siècle. Mais il s’agissait alors d’une archéologie d’« antiquaires », explique Mme Pothier. C’est à cette époque que sir Dawson, directeur du collège McGill, exhume les premiers restes d’anciens vestiges de villages iroquoiens, convaincu qu’il s’agissait là de vestiges d’Hochelaga.

Mais c’est avec les grands travaux des barrages hydroélectriques de la Baie-James, dans les années 1960, qu’on assistera au véritable essor d’une archéologie professionnelle au Québec, d’abord centrée sur la préhistoire. C’est l’époque de la création du service d’archéologie du ministère des Affaires culturelles. Ce même ministère a financé 75 % de ce projet de série de livres, qui vise à faire une somme des recherches archéologiques accomplies au Québec à ce jour.