Les colliers de wampum

Un regard sur le monde à travers les yeux d'un autochtone

« Colliers de porcelaine », « branches de porcelaine », « wampum belts », ou encore « strings of wampum »… à quoi renvoient ces expressions rencontrées dans les archives coloniales de la collection de Bibliothèque et Archives Canada?
On nomme wampum – un mot d’origine algonquin du sud de la Nouvelle-Angleterre – les perles blanches et pourpres de forme tubulaire fabriquées à partir de certains coquillages marins provenant exclusivement des côtes de l’océan Atlantique. C’est une abréviation du mot wampumpeague (ou wampumpeake), signifiant « enfilade de coquillages blancs ». Dès le début du XVIIe siècle, le wampum devint un bien d’échange important dans la traite des fourrures en pleine expansion dans le Nord-Est du continent, en plus de servir de monnaie dans les colonies hollandaises et anglaises jusque dans les années 1660.
Dessin montrant deux exemples de wampum : un collier et des branches de porcelaines.
Dessin publié en 1722 montrant la distinction entre les cordons (aussi appelés « branches ») et les colliers de wampum (MIKAN 2953327)
Les peuples iroquoiens de l’intérieur des terres en firent un usage particulier en les utilisant dans leurs rencontres diplomatiques officielles avec les groupes voisins ou étrangers. Ces perles étaient alors tissées en des cordons et colliers de diverses tailles pouvant contenir de quelques centaines à plus de dix milles perles.
Peinture à l’huile sur toile montrant un homme debout dans une forêt avec un loup à ses pieds. Il est vêtu de noir et porte une écharpe rouge et tient dans sa main un collier de wampum.
Portrait de Tee Yee Neen Ho Ga Row (baptisé Hendrick), l’un des « Quatre rois Indiens » ayant rencontré la reine d’Angleterre en 1710, tenant un collier de wampum.
Jouant un rôle central dans les rencontres internationales et dans l’entretien de bonnes relations, les colliers de wampum étaient offerts lors des rencontres formelles pour supporter le discours prononcé, pour le rendre légitime et officiel. Du début du XVIIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle environ, ce système diplomatique se répandit dans une grande partie du Nord-Est américain, de la vaste région des Grands-Lacs jusque dans les Maritimes, avec toutefois d’importantes variantes.
Photo noir et blanc montrant divers colliers et cordons de wampum.
Colliers et cordons de wampum conservés parmi les Six Nations dans les années 1870 (MIKAN 3367331)
Comme ils étaient utilisés pour soutenir les paroles prononcées, certains de ces colliers étaient préservés pendant plusieurs années afin que les messages qu’ils portent soient maintenus et conservés dans le temps. C’est pourquoi les observateurs des XVIIe et XVIIIe siècles ont souvent comparé les wampums avec les archives ou avec d’autres documents officiels écrits (actes, registres, annales, contrats, etc.).
Photo noir et blanc montrant six hommes regardant des wampums. Cinq individus sont assis et le sixième semble expliquer un collier de wampum.
Chefs iroquois des Six Nations expliquant les colliers de wampum qu’ils conservent en 1871 (MIKAN 363053)
Ces wampums étaient conservés parfois sur une longue période de sorte que les termes des ententes passées demeurent connus. En tant que supports de la tradition orale, les wampums portant les paroles prononcées lors d’un événement particulier devaient donc être accompagnés d’un discours pour être signifiants. Ainsi, le gardien des wampums s’assurait que leur signification soit répétée de temps à autre devant les membres de la communauté. De façon périodique, il répétait publiquement le « contenu » des wampums qui étaient conservés afin que l’histoire de la nation se transmette à la génération plus jeune.
Pour continuer votre recherche : France fonds des colonies et le fonds Haldimand font souvent référence aux wampums. Il faut noter que ces deux fonds ont beaucoup de bobines de microfilms et que le site Héritage est en train d’en faire la numérisation.

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